4/13/2016

Go south

Après avoir revu El Sur, que j'ai trouvé beau comme du Dreyer, je me suis souvenu de ce petit jeu pas très théorique selon lequel il y aurait un cinéma (mais ça vaut aussi pour les villes, la musique, la cuisine, les gens) du Nord et un cinéma du Sud.

C'est surtout une question de lumière: celle du Nord qui, comme dans le film d'Erice, semble être prête à à disparaître à chaque instant, alors que celle du Sud se pose, reste, ne semble pas avoir une relation quelconque au temps qui passe, elle est là, le temps n'est qu'une illusion, tout est présent.

Évidement beaucoup des cinéastes du Sud viennent du sud, de l'Europe, par exemple – Oliveira, Rossellini – des cinéastes d'une lumière éternelle. Mais pas que : le lorrain Straub est tellement un cinéaste du sud qu'il a dû partir en Italie pour le retrouver, son sud à lui. Et au contraire, des cinéastes qui filment

À Hollywood, le grand cinéaste du sud c'est Walsh. Même si ces films respectent l'impératif imponderable de l'enchainement (propre à un système de vie qui croit à la réussie), chaque plan semble accomplir cette tache de montrer une action mais tout en s'arrêtant pour la contempler, d'où son érotisme du présent, d'où sa parfaite alliance avec un acteur comme Errol Flynn, un acteur qui est, qui agit , qui semble jouer toujours à l'extrême de la situation de son personnage dans chaque plan qui, plus ou moins court, et toujours rempli d'action, semble éternel, lié à un temps immémorial du monde, secret. C'est peut-être pour ça que les films du Sud sont ceux qui restent plus dans notre mémoire, parfois juste une image, un plan, indépendamment de l'argument du film.

Évidement quand Bozon fait son choix de "cinéastes qui ont le sens du présent" pour sa carte blanche à la Cinémathèque, je crois que ce n'est pas très loin de tout ça...

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